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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°44 [avril 2003 - mai 2003]
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Le Passant a aimé


Christophe Fiat

Bienvenue à Sexpol



Editions Léo Scheer, 2003.

Dans New York 2001 (Al Dante, 2002), Christophe Fiat s’était appliqué au démontage poétique du discours médiatique sur les attentats du World Trade Center, en le faisant apparaître pour ce qu’il est : une répétition infernale où l’euphémisation côtoie sans cesse une mise en spectacle obscène. Dans Bienvenue à Sexpol, qui constitue son premier roman, il investit les techniques poétiques de la ritournelle et du collage critique dans un travail de sape de l’écriture romanesque. Une entreprise littéraire et politique aussi fascinante que la personnalité de celui qui en constitue la toile de fond, Wilhem Reich. Sexpol est un projet formé par ce dernier au début des années 30 dans le cadre de ses réflexions sur la révolution sexuelle. Reich, qui finira dans les geôles américaines, est sans doute le symbole même de ce que l’idée de révolution sexuelle a de radicalement subversif et d’absolument irrécupérable. Il fournit l’occasion d’engager la critique de l’ordre social actuel qui tente de récupérer tout ce qui s’oppose à lui.

E.R.





Christophe Hanna

Poésie. Action directe



Al Dante & Editions Léo Scheer, 2003.

De même que les façons de penser l’action politique changent dans un monde en plein bouleversement, changent les façons de penser la fonction politique de la littérature et de la poésie tout particulièrement. Depuis le milieu des années 90, une nouvelle génération de poètes publient des œuvres visant à produire des impacts politiques directs (M. Joseph, Heroes are Heroes, POL, 1994 ; C. Hanna, Petits poèmes en prose, Al Dante, 1998 ; Ch. Fiat, New-York 2001, Al Dante, 2002). Dans ce livre fascinant, Christophe Hanna décrit les ressorts de cet engagement politique d’un nouveau type (mise à jour et déstabilisation des dispositifs guidant la réception des discours ; autosubversion des descriptions médiatiques par collage critique, ou virus) tout en montrant comment cette nouvelle poéticité s’inscrit dans une tradition qui, partant de Lautréamont, passe par Ponge et par Denis Roche.

E.R.





Michel Kokoreff

La force des quartiers.

De la délinquance à l’engagement politique.



Payot, 2003, 349 pages.

Non pas une enquête, mais plusieurs : dix ans d’enquête dans la boucle que forme la Seine au nord-ouest de Paris et qui ceinture Asnières, Nanterre et Gennevilliers. Par vagues successives, depuis janvier 1993, l’auteur s’est consacré à une classe d’âge / classes sociale particulière, celle toujours entre deux eaux, entre école et travail. Ces jeunes, il parvient à en faire le portrait juste : une collection fragile de trajectoires sociales et personnelles, non pas le collectif toujours attendu de résignation ou de révoltes ; ainsi, dans les portraits individuels, ou dans les changements de tel ou tel îlot urbain, voire de tel ou tel hall d’immeuble. Le resserrement de l’observation est en effet l’une des vertus de l’ouvrage, qui dépasse les notions entendues de « jeunes » ou de « ville » et de « zone sensible ». Mais sa vertu première est bien la patience ; patience d’avoir engagé des enquêtes dont la durée fait la validité, patience aussi d’avoir pu accumuler un savoir véritable sur le temps propre de ces espaces sociaux. Les propos tenus sur « la » banlieue la voient en effet toujours prise dans les glaces d’un temps condamné (« elle habite nulle part / y a jamais rien qui bouge ») ou dans une irruption de violence collective (« autopsie d’une émeute »). Ici, dix ans d’enquête permettent, tout simplement, de montrer le temps qui passe : celui des jeunes qui plongent et de ceux qui s’installent, celui des promesses politiques qui tiennent et de celles qui s’embourbent, celui de villes qui vivent vraiment.

F.J.





Philippe Robert

L’insécurité en France



La Découverte, « Repères », 2002, 120 pages.

Voilà un « Repère » que l’on attendait depuis longtemps. Une synthèse de ce qu’il faut savoir pour pouvoir parler de l’insécurité sans catastrophisme, ni déni de réalité (du type : « oh, mais avant c’était bien pire » ou bien « oh, mais tout ça, c’est que les flics qui disent » ou encore « oh, mais y a pas mort d’homme »). L’auteur, qui travaille cette matière depuis une bonne trentaine d’années, ne recule pas devant les faits, par exemple en termes de délinquance des jeunes ou d’atteintes aux personnes en zone urbaine. Mais il sait tout autant documenter les explications de ces phénomènes (les éléments relatifs aux politiques judiciaires, policières ou urbaines depuis trente ans sont indispensables), ainsi que, ce qui sera précieux, les « solutions » souvent avancées (privatiser la sécurité ou les espaces de vie, construire plus de prison ou des centres pour mineurs, etc.). L’ouvrage accorde également une place considérable à l’évaluation des dispositifs de prévention, indiquant au passage à la fois qu’ils sont une pièce maîtresse des dispositifs sur la sécurité et qu’ils peuvent également se prêter à l’évaluation ou la critique. L’ouvrage de référence qu’il fallait.

F.J.





Jean Rollin

La clôture



POL, 2002.

Rien ne semble pouvoir rapprocher l’histoire des guerres napoléoniennes et celle des frontières poreuses de Paris et de sa banlieue nord. Rien, mis à part le nom du général Ney qui désigne tout à la fois l’individu historique et l’un des boulevards circulaires. Jean Rollin s’y est installé pendant quelques mois comme l’ethnologue s’installe sur son « terrain », et il nous restitue l’histoire des prostituées, des clochards, des junkies et des paumés qui s’y côtoient, tout en émaillant le récit de leur vie ordinaire et des exploits pathétiques du général Ney. Un beau roman qui ouvre les yeux sur un monde que tous les automobilistes parisiens longent du périphérique sans rien en voir.

E.R.


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